lundi 24 janvier 2011

État des lieux




Je découvre toutes les semaines de nouvelles maisons abandonnées. Si nombreuses tout autour de chez moi. Au bout de chemins cabossés elles sont là, toujours là, toujours plus fatiguées. Sous des toits perméables. À l'intérieur, les papiers-peints sont jaunis et dévorés. Les rideaux en dentelle, élimés. J'aime leurs fragilités. Imaginer la vie, les vies qui tournaient autour d'elles quand on les appelait encore "fermes". Il n'y a pas si longtemps.
Toutes ces maisons se ressemblent tellement. Même porte, même grand escalier, mêmes énormes tonneaux stockés dans les chais, mêmes cageots perchés tout en haut des étables. Et généralement même vue sur la chaîne des Pyrénées. Et pour moi même tristesse de les voir s'abimer d'hiver en hiver.
Chacune d'elles me fait rêver. Je les dessine à défaut de pouvoir les acheter.

jeudi 13 janvier 2011

En poudre















Clémentine poudrée.
Raffinée.
Poudres tamisées.
Colorées.

mercredi 12 janvier 2011

De gris et de rouge







Deux jours que je regarde le ciel.
Les nuages gris et la bruine ont balayé l'esquisse de ma semaine. M'empêchent de travailler. M'autorisent donc à rêver.
Des rêves qui font des boucles. Des boucles de plus en plus grandes pour des rêves de plus en plus précis, ambitieux, fous. Qui deviennent peu à peu des obsessions. Qui m'accompagnent le jour et ne m'abandonnent pas la nuit.
Ces rêves c'est du rouge ardent sous le ciel gris.
Je suis étourdie.

mardi 11 janvier 2011

Siamois




Mon double félin. Mon siamois roux.
Parfois mon ombre, souvent mon guide.
On a une drôle de démarche quand on a six pattes.

lundi 10 janvier 2011

Les contours de lumière














Aujourd'hui, la lumière du soleil est franche et réconfortante. Pas un seul nuage dans le ciel pour atténuer ses rayons. Les faisceaux sont perçants. J'en capture quelques uns avant qu'ils ne disparaissent.
Les rayons sculptent les branchages, redessinent leurs contours et donnent de la grâce au moindre végétal asséché. Et de l'énergie à mon corps mou. Tout vibre sous ces écailles de lumière.

jeudi 6 janvier 2011

La matière sombre






"Depuis quelques temps Bosmans pensait à certains épisodes de sa jeunesse, des épisodes sans suite, coupés net, des visages sans noms, des rencontres fugitives. Tout cela appartenait à un passé lointain, mais comme ces courtes séquences n'étaient pas liées au reste de sa vie, elles demeuraient en suspens, dans un présent éternel. Il ne cesserait de se poser des questions là-dessus, et il n'aurait jamais de réponses. Ces bribes seraient toujours pour lui énigmatiques. Il avait commencé à en dresser une liste, en essayant quand même de retrouver des points de repère : une date, un lieu précis, un nom dont l'orthographe lui échappait. Il avait acheté un carnet de moleskine noire qu'il portait dans sa poche intérieure de sa veste, ce qui lui permettait d'écrire des notes à n'importe quel moment de la journée, chaque fois que l'un de ses souvenirs à éclipses lui traversait l'esprit. Il avait le sentiment de se livrer à un jeu de patience. Mais à mesure qu'il remontait le cours du temps, il éprouvait parfois un regret : pourquoi avait-il suivi ce chemin plutôt qu'un autre ? Pourquoi avait-il laissé tel visage ou telle silhouette, coiffée d'une curieuse toque en fourrure et qui tenait en laisse un petit chien, se perdre dans l'inconnu ? Un vertige le prenait à la pensée de ce qui aurait pu être et qui n'avait pas été.
Ces fragments de souvenirs correspondaient aux années où votre vie est semée de carrefours, et tant d'allées s'ouvrent devant vous que vous avez l'embarras du choix. Les mots dont il remplissait son carnet évoquaient pour lui l'article concernant la "matière sombre" qu'il avait envoyé à une revue d'astronomie. Derrière les évènements précis et les visages familiers, il sentait bien tout ce qui était devenu une matière sombre : brèves rencontres, rendez-vous manqués, lettres perdues, prénoms et numéros de téléphone figurant dans un ancien agenda et que vous avez oubliés, et celles et ceux que vous avez croisés sans même le savoir. Comme en astronomie, cette matière sombre était plus vaste que la partie visible de votre vie. Elle était infinie. Et lui, il répertoriait dans son carnet quelques faibles scintillements au fond de cette obscurité. Si faibles, ces scintillements, qu'il fermait les yeux et se concentrait, à la recherche d'un détail évocateur lui permettant de reconstituer l'ensemble, mais il n'y avait pas d'ensemble, rien que des fragments, des poussières d'étoiles. Il aurait voulu plonger dans cette matière sombre, renouer un à un les fils brisés, oui, revenir en arrière pour retenir les ombres et en savoir plus long sur elles. Impossible. Alors il ne restait plus qu'à retrouver les noms. Ou même les prénoms. Ils servaient d'aimants. Ils faisaient ressurgir des impressions confuses que vous aviez du mal à éclaircir. Appartenaient-elles au rêve ou à la réalité ?"

Patrick Modiano, L'Horizon


Bonne soirée sous les étoiles :)

mercredi 5 janvier 2011

Point par point
















Canaliser les mèches folles et les idées éparpillées. Rassembler. Connecter. Lier. Tisser. Tresser. Dérouler le fil. Point par point. La pensée devient fluide. Construite et ordonnée.